Souvenirs de toiles de Bérénice Bejo

 

Bérénice BejoFait historique, la comédienne Bérénice Bejo partage la présidence du jury du 30e Festival international du film fantastique de Gérardmer avec Michel Hazanavicius. À son tour de nous faire part de ses souvenirs de toiles, avant de remettre le Grand Prix dans quelques heures…

Quelle parité incroyable que cette coprésidence !

C’était une belle idée de Bruno Barde ! Nous n’avions jamais vraiment fait de festivals ensemble. On a même reçu un message de Thierry Frémaux qui trouvait aussi que c’était une super idée. Et puis Michel l’a dit : s’il y a égalité, ma voix compte double ! Et je suis d’accord avec lui ! Mais je sais qu’il y aura forcément un film qui obtiendra une majorité.

Vous vous êtes d’ailleurs déjà essayée au film de genre…

Oui, c’est ma troisième participation au Festival. Je ne regarde pas forcément beaucoup de films de genre, mais je trouve qu’en France, il y a des petites pépites comme Teddy des frères Boukherma que j’avais adoré ou La Nuée de Just Philippot. Je vais bientôt faire un film d’anticipation avec Xavier Gens sur une espèce de requin qui évolue plutôt mal à cause des humains et je viens de tourner un film d’anticipation italien dans lequel, lorsque l’on meurt, on peut louer le corps de quelqu’un et y implanter l’âme de la personne décédée pour quelques jours. Peut-être que ces films viendront à Gérardmer à leur tour ?

Premier souvenir de cinéma ?

Je pense que c’est soit E.T. l’extraterrestre avec ma grande soeur, soit The Party de Blake Edwards où j’étais allée avec mon père. Je me souviens avoir énormément ri, au point de me lever de mon siège et de taper du pied tellement c’était drôle.

Le film qui a bercé votre enfance ?

Chantons sous la pluie, Hatari !, les films avec Marilyn Monroe, Audrey Hepburn, James Stewart, les Capra. Je les ai beaucoup regardés en boucle.

Premier souvenir de film d’horreur ?

Alien, que mon père m’avait montré. J’avais eu super peur, car je me disais que ce genre de chose pouvait être possible, on ne connaît rien de notre univers. J’avais trouvé la bête monstrueuse et j’étais tellement en panique, que mon père m’avait montré un livre sur le film pour m’expliquer comment c’était fait. On la voyait vraiment bien, alors que dans le film, c’est plus caché. Ça m’avait tout de suite rassurée.

Un film qui vous a traumatisée ?

Délivrance, que je ne pourrai jamais revoir. J’aime tellement voyager, notamment toute seule ou avec mes enfants, que si je repense à ce film, je ne ferais plus rien. Sinon, récemment, c’est Dernier train pour Busan que Michel m’avait demandé de regarder pour Coupez ! et que j’ai adoré. Je l’ai vu en plein après-midi et j’ai dû faire pause plusieurs fois. Je n’étais pas habituée aux films de morts-vivants et j’avais été frappée par le fait qu’ils vont vite, qu’ils mangent beaucoup, qu’ils font beaucoup de bruit… Ils sont terrifiants en fait ! D’autant qu’on venait de sortir de la pandémie et qu’on retrouvait des images avec des gens masqués et si les personnages sont très stéréotypés, c’est extrêmement bien fait. J’ai aussi regardé Kingdom sur Netflix, c’était très beau, mais j’ai sursauté plusieurs fois. Je suis très bonne cliente pour tout ça.

Qu’est-ce qui vous effraie au cinéma ?

Tout ce qui a trait aux atteintes psychologiques, ce qui peut être possible, ce qui touche à la famille, aux enfants, à la fin du monde… Ça me touche beaucoup. Je ne suis pas touchée par contre par les films de tueurs où les filles vont forcément dans le couloir où il se trouve, sans allumer la lumière, je n’y crois pas, ça m’énerve. Je ne connais pas une seule fille qui ferait ce genre de chose. À l’inverse, Shining, ça me terrifie, car je pense qu’on peut vraiment devenir fou comme ça et vouloir tuer sa famille. Trauma de Dan Curtis aussi, avec cette maison qui prend emprise sur ses habitants et le père qui essaie de tuer son enfant dans la piscine.

Le monstre le plus stylé ?

J’aime bien les vampires, j’ai une petite fascination pour Dracula… Je trouve ça sensuel, avec ce rapport à la peau, mordre le cou qui est comme un baiser. J’aurais adoré jouer dans le Dracula de Coppola, je voulais être avec Gary Oldman quand j’étais petite !

Les premières larmes au cinéma ?

Je pleure tout le temps au cinéma. Je suis très facilement dans l’empathie, c’en est même ridicule. Quand on va voir des films un peu fleur bleue avec Michel, on finit par se regarder avec une larme au coin des yeux.

Derniers fous rires au cinéma ?

Irréductible de et avec Jérôme Commandeur qui me fait beaucoup rire. Tout comme dans Jack Mimoun et les secrets de Val Verde qu’on a regardé avec les enfants. Chaque fois qu’il apparaît, il me fait rire.

Un film culte ?

Si je devais aller sur une île déserte, ce ne serait déjà pas un film de genre ou quelque chose de mélancolique. Ce serait un film positif, qui me fait du bien, un Victor Victoria de Blake Edwards ou un Capra.

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