Cette semaine, parce qu’on termine le mois de janvier et qu’il faudra définitivement tourner la page des vœux, des rétrospectives et des perspectives, on se souvient une dernière fois du bon vieux temps. Du temps où on tournait des courses-poursuites réalistes, de celui où Soderbergh était cool. On réalise que fut une époque où les films noirs régnaient, une autre où King Kong grimpait l’Empire State Building. Qu’on a un jour découvert (à tous les sens du terme) Valéria Bruni-Tedeschi et Ursula Andress. En revanche, il est des choses immuables : Jean-Pierre Bacri est génial, Oshima choque encore, même mort, et on comprend rien aux maths.
Dimanche 27 janvier
Bullitt, de Peter Yates – 20h45 – Arte
Ocean’s Eleven, de Steven Soderbergh – 20h50 – TF1
La Science des rêves, de Michel Gondry – 0h35 – France 4
Steve McQueen porte un col roulé qui ressemble aux sous-pulls de notre enfance, et il a la classe. Steve McQueen foire son programme de protection de témoin, mais il a la classe. Steve McQueen roule comme un dingue dans les rues de San Francisco, et oui, il a la classe. Bullitt, c’est l’essence du cool.
Vous vous souvenez quand Steven Soderbergh faisait des bons films ? C’était il y a longtemps, hein. L’occasion de se souvenir de cette époque bénie avec Ocean’s Eleven, premier et meilleur de la série des aventures de la bande de Danny Ocean. Un bon vieux film de braquage à la fois drôle, élégant et efficace. Une bande de potes qui s’éclate, et dont le plaisir est partagé.
Autre horaire, autre genre, autre plaisir : après Eternal Sunshine of the Spotless Mind et avant L’Ecume des jours, bientôt sur nos écrans, le Frenchy Michel Gondry réalise cette Science des rêves qui révèle définitivement son univers de bric et de broc. C’est beau, magique et onirique, avec le charmant Gael Garcia Bernal et la guest star Alain Chabat.
Lundi 28 janvier
Collateral, de Michael Mann – 20h50 – M6
L’Empire des sens, de Nagisa Oshima – 22h40 – Arte
Collateral : Los Angeles la nuit, Tom Cruise et ses cheveux aussi gris que son costume, Jamie Foxx prisonnier au volant d’un taxi… On ne sait pas bien où tout ça nous mène, mais on y va. On suit bien malgré soi le chemin de ce type un peu inquiétant, et pas seulement parce que Tom Cruise fait un peu flipper de manière générale. On arpente les rues, les clubs, les appartements modernes. On compte les litres d’hémoglobine à l’écran et les litres de sueur qu’on verse (dommage collatéral). C’est froid et violent à la fois. Etonnamment calme, mais toujours prenant. Des films noirs comme ça, on pensait que ça n’existait plus.
Nagisa Oshima est mort il y a une quinzaine de jours, et enfin, la télévision bouscule ses programmes pour une soirée spéciale, bien que tardive. L’Empire des sens, suivi d’un documentaire, Il était une fois L’Empire des sens, de Serge July. Dans les années 1970, la révolution est sexuelle. Alors Oshima révolutionne le sexe au cinéma, choque le Japon puis le monde entier, et réunit une fois pour toutes Eros et Thanatos.
Mardi 29 janvier
Meurs un autre jour, de Lee Tamahori – 20h45 – France 2
King Kong, de Peter Jackson – 20h50 – W9
Comme toujours, France 2 diffuse les films en VF, mais l’avantage d’un James Bond, c’est qu’on peut se passer du son et comprendre quand même qui sont les gentils et qui sont les méchants, voire, qui sont les gentils qui deviennent méchants, et inversement. Et puis, pour voir Halle Berry rendre hommage à LA James Bond Girl, Ursula Andress, l’image suffit.
A l’origine du grand Kong (“singe” en malais), il y a l’imaginaire de deux cinéastes spécialistes du documentaire animalier, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, tous deux nourris du Monde perdu d’Arthur Conan Doyle, du grand dragon de Komodo, des histoires de Tarzan et du cirque Barnum et Bailey. Depuis, King Kong est resté dans l’imaginaire collectif l’une des grandes références du film fantastique. Hanté pendant 35 ans par son rêve d’en réaliser un remake et fort du succès de sa trilogie du Seigneur des anneaux, Peter Jackson fait rugir à nouveau le grand singe de l’île de Crâne en 2005, avec, en lieu et place des Fay Wray, Robert Armstrong et Bruce Cabot, Naomi Watts, Jack Black et Adrien Brody.
Mercredi 30 janvier
Crimes à Oxford, d’Alex de la Iglesia – 20h45 – France 4
Encourageons France 4 à diffuser encore plus de films et séries en VM, et plantons-nous devant ce Cluedo mathématique. Si vous êtes totalement insensibles au théorème de Fermat, il vous reste à vous laisser subjuguer par Oxford, parfait décor pour le mystère et l’intrigue, par le charisme de John Hurt, toujours égal, et par les yeux d’Elijah Wood, confrontés à bien d’autres créatures que des hobbits. Outre les mathématiques, il est question de meurtres, de mentor et de disciple, et d’amours déçues. L’équation parfaite.
Jeudi 1er février
Le Petit Lieutenant, de Xavier Beauvois – 20h45 – France 3
La-Baule-les-Pins, de Diane Kurys – 23h20 – France 3
Jalil Lespert débarque, Nathalie Baye est proche de la fin. Le Petit Lieutenant, c’est un peu le contrat de génération dans la police. Xavier Beauvois, depuis multiprimé pour Des Hommes et des Dieux, portait déjà cette attention particulière à ses personnages. Il montre une fois de plus que c’est en s’immergeant dans le quotidien que l’on tient parfois la force d’un film, que la simplicité n’est pas la banalité.
On reste sur la même chaîne, et avec Nathalie Baye, pour une plongée nostalgique à La Baule, avant qu’elle ne devienne bling-bling. Tout le monde est jeune et frais, on ne savait pas qui était Valéria Bruni-Tedeschi (“Odette, le scorpion !”). Ca découvre le Coca-Cola, ça plante sa canadienne sur la plage, ça écrase son chat avec le sourire, et ça commande des sardines. Jean-Pierre Bacri est immense en tonton rigolo. Tellement, qu’on lui pardonne la tirade sur “la pointe de Pen Château”.
Quant à ce week-end, rien à la télé, mais profitez des bons films qui viennent de sortir en DVD : Du vent dans mes mollets, Les Saveurs du palais, The We and the I, Des hommes sans loi…