Pour Halloween, exceptionnellement cette année, personne n’a la bonne idée de passer L’Etrange Noël de M. Jack, les incontournables slasher des années 1980 (Halloween, justement, et autres Freddy et Vendredi 13), voire même Twilight pour les plus jeunes. Tout se perd, y’a pu de saisons, ma pauv’dame. D17 programme même Joyeuses Pâques. Nan mais franchement. Arte nous gratifie quand même d’une petite soirée vampire, mais diffuse honteusement Thirst, ceci est mon sang, de Park Chan-wook, en VF. Il y a tout de même quelques programmes un brin effrayants cette semaine, même si ce n’était pas forcément l’intention première : une soirée Luis Rego sur W9, Katie Holmes dans Batman Begins (en VF), Michel Serrault dans les catacombes (Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ), ou La France a un incroyable talent. On salue l’effort.
Harry Potter et l’ordre du Phénix, de David Yates – dimanche, 20h50 – TF1
Pour une semaine d’Halloween, TF1 ne diffuse pas le plus noir des épisodes d’Harry Potter. Celui-ci serait plutôt rose. Rose comme les tenues de Mme Ombrage, rose comme les joues adolescentes en colère, découvrant la rébellion. Avant le grand affrontement final entre le jeune héros à lunettes et son ennemi juré, qui lui tient bien toutes ses promesses de noirceur, avant le départ explosif des jumeaux Fred et George de la noble école de Poudlard, il faudra donc passer par cet éveil à l’insurrection. Une armée secrète, l’antre de Sirius Black. C’est dans l’ombre qu’Harry Potter est le plus intéressant.
Le Bal des vampires, de Roman Polanski – dimanche, 20h45 – Arte
Halloween toujours, mais de façon détournée. Car quand Polanski, pourtant futur auteur du terrifiant Rosemary’s Baby, s’attaque au film de vampires, il le fait avec ironie et distance. Les chasseurs de vampires sont trouillards et amoureux. L’activité principale de la jeune fille de la maison est de prendre des bains dans cet univers glacial, à ses risques et périls. Les vampires ont une identité bien ancrée dans la réalité (juif ou homosexuel) et une vie sociale bien codifiée (d’où le bal). C’est kitsch à souhait, burlesque, et un peu vieillot, mais, comme toujours avec Polanski, extrêmement maîtrisé.
Welcome, de Philippe Lioret – dimanche, 20h45 – France 2
Souvenez-vous. C’était quand le délit de solidarité existait. En 2009. A Calais, Bilal est Kurde et ne pense qu’à passer en Angleterre ; Simon est maître nageur et ne sait plus très bien ce qui le fait avancer. C’est la rencontre de ces deux hommes, l’espoir qui renaît pour chacun d’eux, qui intéresse Philippe Lioret pour un film engagé par ce qu’il s’attache à montrer comme étant banal. Dans une même ville, deux mondes cohabitent. Certains mettent un point d’honneur à l’ignorer. D’autres donnent dans la dénonciation. Et puis il y a ceux qui agissent, malgré un Etat répressif, qui sanctionne la solidarité. Simplement parce qu’un jour ils ouvrent les yeux. C’est la renaissance de Simon, bouleversant Vincent Lindon, que raconte Welcome, sans sentimentalisme pataud, sans grand discours militant, mais avec une histoire simple. Pour un résultat poignant et percutant.
La Strada, de Federico Fellini – lundi, 20h50 – Arte
La Dolce Vita, de Federico Fellini – lundi, 22h35 – Arte
Il est temps d’oublier la nuit qui tombe, la pluie qui vient, d’enfourcher sa Vespa et de partir sur les routes d’Italie avec Fellini sur Arte. Avant de vivre La Dolce Vita, et d’appeler Marcello dans la fontaine de Trevi, on se plonge dans ce qu’il reste du néoréalisme italien, teinté de la fantaisie fellinienne avec La Strada et le voyage de Zampano et Gelsomina. Tout Fellini en une soirée : la fable poétique et la sensualité, le conte initiatique et rude des années 1950 et l’insouciance naissante des années 1960 et ses dérives (c’est au personnage du photographe, Paparazzo, que l’on doit le mot “paparazzi”). Ce qu’Arte propose, c’est une soirée hors du temps, en compagnie d’icônes – à commencer par Anthony Quinn et Marcello Mastroianni –, avec des films incontournables.
Coup de tête, de Jean-Jacques Annaud – lundi, 20h50 – HD1
Coup de tête, c’est l’occasion de se dire que Francis Veber (dont on reconnaît la plume au nom du personnage principal, François Pignon ou Perrin) n’a pas écrit que des bonnes comédies un poil franchouillardes, avec un duo efficace de personnages antagonistes. Scénariste pour Jean-Jacques Annaud avant que celui-ci ne se soit lancé dans le film d’aventures, il a aussi donné dans la critique sociale, décrivant ici par le menu (magnifique scène de dîner) les hypocrisies et manigances d’une petite ville et de ses notables. C’est aussi l’histoire d’une déchéance sociale puis de la vengeance qui suit la réhabilitation. C’est enfin le talent de Patrick Dewaere, fougueux et inquiétant, comme toujours.
Benny’s Videos, de Michael Haneke – mercredi, 23h15 – Arte
Même s’il a bien essayé de nous faire oublier ses débuts avec ses deux Palmes d’or au calme maîtrisé, Le Ruban Blanc et Amour, on sait bien que le cinéma de Michael Haneke est avant tout dérangeant. Car c’est la fascination pour la violence qu’il met en scène. Ici avec un meurtre absurde, et une mise en abyme : Michael Haneke filme Benny qui filme tout, y compris son crime. Nous, spectateurs, regardons Benny regarder ses vidéos, et les parents de Benny devant LA vidéo. Michael Haneke brouille les repères, comme le sont ceux de Benny, ceux d’une société glacée, sans émotion ni remords.