Les hommages encadrent la semaine (Invictus, dimanche soir, mais en VF, et Hibernatus, jeudi soir) et nous laissent moroses. Pas grand-chose à se mettre sous la dent, rayon cinéma à la télé. La trêve des confiseurs en avance ou la fatigue symptomatique du mois de décembre ? Pour la magie de Noël, il faudra se laisser gagner par la déferlante de téléfilms mielleux plusieurs fois par jour sur TF1, M6 et TMC. Des acteurs de seconde classe, de la neige artificielle, voire des Noëls passés sous le soleil californien. C’est encore plus déprimant qu’un monde sans Nelson Mandela.
Un mariage de rêve, de Stephan Elliott – lundi, 20h50 – Arte
Le réalisateur de Priscilla, folle du désert aux commandes de l’adaptation d’une pièce de Noel Coward est déjà une promesse. Stephan Elliott conserve le cadre – un manoir anglais des années 1920-1930 et ses conventions – pour moderniser un drame familial aux accents de farce sociale. La jeune Larita-Jessica Biel représente la figure émancipatrice, l’Américaine conquérante au cœur de la vieille Angleterre. Lui faisant face, l’aristocratie revêche incarnée à merveille par Kristin Scott-Thomas – qui ne se départira décidément jamais de ce rôle. Des dialogues savoureux et un brin d’extravagance suffisent à emballer un film sans prétention mais réjouissant.
Coup de coeur, de Francis Ford Coppola – lundi, 22h20 – Arte
Un Coppola méconnu, cela mérite forcément un coup d’œil, et a fortiori, un Coup de coeur. Après Apocalypse Now, Francis se tourne vers une autre Amérique, celle d’un Las Vegas reconstitué dans ses tout nouveaux studios American Zoetrope. Une romance classique, mais éclairée au néon, portée par l’illusion des possibles que représente Las Vegas – pour le meilleur et pour le pire – et la musique de Tom Waits, toujours envoûtante.
Hibernatus, d’Edouard Molinaro – jeudi, 20h45 – France 3
Plus qu’à Edouard Molinaro, c’est à toute une époque du cinéma français que rend hommage France 3 en décongelant Hibernatus : Paul Préboist, Claude Piéplu, de Funès, ses “Ma biche” et ses onomatopées gesticulées (“Paf !”) face à son éternelle épouse à l’écran, Claude Gensac, grande gigue pince-sans-rire. Outre l’invraisemblable scénario, fait de quiproquos tellement nombreux qu’on en perd son latin, et un jeune Michael Lonsdale au flegme savoureux, c’est le duo de Funès-Claude Gensac que l’on retient, épatant quel que soit le contexte dans lequel il joue son numéro bien rodé.
La semaine télé étant pauvre, n’hésitez pas à visiter les salles obscures – L’Escale se joue encore dans les bons cinémas, comme 25 novembre 1970, le jour où Mishima choisit son destin, et à partir de mercredi le tourbillonnant All is Lost inondera les écrans – ou à visionner un bon DVD, à commencer par l’exceptionnelle redécouverte de Gun Crazy.