Alors voilà, les César, les Oscars, ça se termine. Comme on est un peu nostalgiques des tapis rouges, des smokings et des belles robes, on continue encore un peu. Encore un peu de Haneke, encore un peu de Kevin Costner, un petit rappel de Juliette Binoche… Et de temps en temps, on se souvient qu’il y a un monde réel. Que l’Italie vote et que l’on vit une époque formidable.
Dimanche 24 février
Vincere, de Marco Bellocchio – 20h45 – Arte
Le Patient anglais, d’Anthony Minghella – 20h50 – D8
Les Garçons, de Mauro Bolognini – 0h20 – France 3
En ce jour d’élection en Italie, Arte n’est pas très sympa avec son petit camarade italien, et lui rappelle un passé peu reluisant. Avant un documentaire sur Hitler et Mussolini, Vincere brosse le portrait du futur Duce à travers un drame passionnel et se concentre sur sa maîtresse, Ida Dalser, sur laquelle il a une emprise totale. Une manière à la fois intelligente et lyrique de raconter l’Histoire.
Question lyrisme, Le Patient anglais se pose là. Mais comme ce soir, Emmanuelle Riva rejoindra peut-être la liste des actrices françaises oscarisées, on regarde Juliette Binoche en signe de soutien.
On revient en Italie en fin de soirée, avec Les Garçons, scénarisé par Pasolini. Ces garçons, ce sont Jean-Claude Brialy et Laurent Terzieff, embarqués dans le dédale des rues de Rome à la fin des années 1950, au volant d’une Fiat remplie d’armes, et de jolies filles.
Lundi 25 février
Sens unique, de Roger Donaldson – 20h50 – Arte
Women without Men, de Shirin Neshat – 22h40 – Arte
Puisque Kevin Costner a reçu un César d’honneur vendredi soir, on tente de comprendre pourquoi avec Sens unique. 1987. L’année des Incorruptibles, et quelques-unes avant la gloire de Danse avec les loups et autres Robin des Bois. Waterworld et The Postman sont encore loin, on donne donc une chance à ce thriller politique avec Gene Hackman, et en bonus, une apparition du jeune Brad Pitt.
Argo, qui rafle tous les prix depuis deux mois, a certainement brillé aux Oscars. L’occasion, avec Women without Men, de retourner à Téhéran avec la CIA, mais en 1953. Quatre femmes tentent d’échapper à la domination masculine.
Mardi 26 février
Le Petit Nicolas, de Laurent Tirard – 20h50 – M6
Je ne voudrais pas être un homme, d’Ernst Lubitsch – 0h40 – Arte
Quand j’étais mort, d’Ernst Lubitsch – 1h25 – Arte
Alain Chabat, le seul à avoir su rester fidèle à l’esprit de Goscinny dans son Astérix, a participé aux dialogues de cette adaptation du Petit Nicolas. Heureusement, parce que la reconstitution de la France Formica manquerait, sans lui, de l’espièglerie de ce petit garçon parfois trop sage.
Pour retrouver un maître de la comédie, il faudra veiller tard et attendre la diffusion de deux moyens-métrages d’Ernst Lubitsch sur Arte (ou le replay sur Arte+7) : Je ne voudrais pas être un homme, la fugue joyeuse d’une jeune femme, travestie, dans une soirée alcoolisée, et Quand j’étais mort, le retour d’un homme qui a feint son suicide dans la maison désormais tenue par sa belle-mère.
Mercredi 27 février
Caché, de Michael Haneke – 20h50 – Arte
La saison des prix étant terminée, on va peut-être pouvoir retrouver, au moins avant le prochain, une vie paisible sans Michael Haneke. Mais avant, une dernière petite séance d’un cinéma toujours un peu (voire beaucoup) malsain et pervers. Dans Caché, il est question de culpabilité, de manipulation et de faux-semblants. Et ça fait mal.
Jeudi 28 février
Narco, de Gilles Lellouche et Tristan Aurouet – 20h50 – D17
Une époque formidable, de Gérard Jugnot – 23h25 – France 3
Gus est narcoleptique, comme le titre, Narco, le laisse imaginer. Ses endormissements, rêves et fantasmes sont donc l’occasion d’autant de digressions fantasques, puisque Gus se voit alors en super-héros. La structure même du film conduit à un ensemble inégal, mais avec quelques percées assez enthousiasmantes.
Son titre est peut-être ce qu’il y a de plus réussi dans Une époque formidable. Ce moment de désillusion où l’on découvre que le chômage et l’exclusion ne concernent pas que les paumés. Un petit cadre et son pavillon bien propres sur eux le vivent comme une honte tellement insurmontable que ledit petit cadre finit à la rue. Les premiers pas d’une peur du déclassement.
Et ce week-end, une fois n’est pas coutume, lisez autre chose que le programme télé : on vous conseille un excellent essai sur Andy Kaufman, Comique extrémiste.