Le jury emmené par Claude Lelouch a élu les quelques films qui vont repartir du 23e Festival du film fantastique avec un Vase de cristal. La rédaction de Grand Écart est en parfait accord avec les choix du président Lelouch, que nous aimons très fort, comme nous aimons très fort The Devil’s Candy.
Grand Prix
Bone Tomahawk de S. Craig Zahler
Prix du jury ex aequo
Evolution de Lucile Hadzihalilovic
JeruZalem de Doron & Yoav Paz
Meilleure musique originale
The Devil’s Candy de Sean Byrne
Prix de la critique
Evolution de Lucile Hadzihalilovic
Prix du public
The Devil’s Candy de Sean Byrne
Prix du jury jeune
Southbound de Radio Silence, Roxanne Benjamin, David Bruckner & Patrick Horvath
Prix du jury Syfy
The Witch de Robert Eggers
Grand Prix du court-métrage
Quenottes de Pascal Thiebaux & Gil Pinheiro
Et sinon, retrouvez ici notre contre-palmarès.
C. Lelouch adore Jeruzalem !!??… œcuménisme bien pensant ou dérapage régressif ?
Perso, je suis (et c’est suffisamment rare pour le faire remarquer) relativement satisfait par ce palmarès.
En grande partie parce que Bone Tomahawk était LE FILM à primer, sans contestation possible. C’est une entrée en matière fracassante pour un jeune réalisateur tarantinesque à la plume bien trempée. Le film n’a rien à envier à un “3 enterrements” par exemple, référence du genre. Peut-être moins profond et sensé, il compense par un côté jubilatoire sans égal. Les répliques cinglantes fusent. Les scènes sanglantes choquent. Nul ne peut rester insensible à ce Grand Prix qui fera date.
En face, si The Witch ou February sortaient légèrement du lot, j’étais loin d’être aussi enthousiaste que certains. Le premier est une sorte de Mama ++, avec une aventure de sorcière finalement plus historique que fantastique. Efficace, référencé mais sans artifice ni inventivité réelle. Une nauséabonde impression de déjà vu…
February me semble plus intéressant autour du thème du deuil, voire du deuil du deuil… Un film mystérieux, esthétique et lent qui fait beaucoup réfléchir. Pour autant pas au niveau d’un Miss zombie ou d’un Rigor Mortis qui apportaient véritablement beaucoup plus que du simple mystère sans réponse.
Evolution est logiquement salué, à la manière d’un Barbarian sound Studio, pour son exercice de style si particulier et la beauté de ses plans.
Enfin, enfin… un amas de série B sans odeur ni saveur.
A la manière d’un star wars 7, la sélection des films en compétition de Gérardmer 2016 m’est apparue affligeante de pauvreté scénaristique. Le fantastique d’aujourd’hui doit-il forcément être du réchauffé ?? Véritablement inquiétant.
Pour cette raison et seulement pour celle-ci, la récompense de JéruZalem se justifie. Car ce film présente bel et bien des esquisses de tentatives d’inventivité : une gogol glass (comme vous le dites si bien) finalement première du nom ainsi qu’un thème fort, d’actualité, plus original qu’il n’y paraît : l’alliance des religions.
Pour autant, ce film est assurément raté dans les grandes largeurs. Dans les plus grandes même.
De part un scénario ultra simpliste autour de ce décidément très contraignant found footage : un système de prise de vue étriqué qui limite le champs des perspectives, un comble pour le cinéma fantastique !
De part aussi et surtout une réalisation en deçà des standards (en dehors d’une introduction maîtrisée). Pour exemple, la confrontation avec les zombis volants (SPOIL) : fabuleusement brouillonne… Ensuite, si le film affiche clairement la volonté assumée des réalisateurs de créer du comique autour de scènes d’ anthologie, n’est pas You’re Next qui veut !! Chacune des tentatives de jeruZalem est un bide flagrant. JAMAIS, le spectateur n’esquisse le début d’un sourire. Ni pour le chat à lunettes rose, ni pour l’émoticône à moue, ni pour le combat de jeux vidéo, ni pour le Head Shot, ni pour le retour du frère prodige……(SPOIL SPOIL SPOIL SPOIL SPOIL ).
Un défaut de réalisation flagrant que Lelouch n’ a semble-t-il pas jugé irrémédiable pour de jeunes réalisateurs…
Reste la TNT.
Howl et What we become en tête.
Des zombis. Des persos contaminés que l’on veut sauver car on a jamais vu de zombis (valable pour JeruZalem aussi !)… Du très très lourd.
Le second est un épisode de Walking dead, ni plus ni moins. Le premier n’en a même pas le niveau.
Oui, le festival peut avoir honte.
Devil’s Candy et Sounthbound s’en sortent un peu mieux grâce à quelques saillies rock’n'roll. Pour autant, que c’est faible…
Devil’s Candy est bien pâle face à l’exquis The loved ones. Voir un réalisateur qui régresse doublement récompensé, çà pique déjà. Heureusement, il a évité un prix du jury !
Enfin, il paraît que Lelouch est un fan de Frankenstein. Il a du apprécier cette énième tentative d’appropriation de l’oeuvre de Mary Shelley. Et finalement, devant l’abyssale faiblesse de la concurrence, ce monstre au cœur tendre a plutôt fière allure.
Enfin bon, en résumé : merci Bone Tomahawk et à l’année prochaine !!
Bonjour DH,
Bon, d’abord, merci de nous lire
Comme tu as dû le voir dans notre critique du film, on a plutôt énormément aimé Bone Tomahawk, on en est d’ailleurs ressortis en demandant immédiatement à l’attachée de presse si on pouvait organiser une interview du réal dans les semaines à venir… A suivre, donc.
En attendant, on est effectivement bien contents qu’il ait reçu le Grand Prix. Même si, personnellement, j’avais une préférence pour The Witch, qui m’a semblé quasi parfait (et donc bien loin de Mama ). Et pas du réchauffé pour un sou, justement, dans le fond comme dans la forme. Certes, je suis partial car le sujet m’intéresse particulièrement depuis que je suis en âge d’arracher le cou d’un coq avec les dents tout en écoutant Black Sabbath (ou Bauhaus, pour coller davantage à Gérardmer).
Evolution est un film d’auteur, il a une démarche esthétique et intellectuelle, même s’il ne nous a pas tellement enthousiasmés il mérite d’être reconnu et récompensé (ah oui, comme Berberian il y a quelques années). Quant aux autres, comme tu le dis très bien… c’est affligeant. Entendre Lelouch louer JeruZalem, ça me fait penser qu’il n’a jamais vu un found footage de sa vie. Ce qui me fait également penser qu’il y a quelques jours, Elsa Zylberstein a déclaré qu’elle n’aimait pas trop les films d’horreur… Comment faire confiance à un jury qui n’est pas du tout versé dans le fantastique ? C’est le genre de chose qui mène au Grand Prix pour Fausto 5.0 en 2002 alors qu’il est l’un des moins bons films de la sélection…
En tout cas, au-delà du palmarès, la sélection globale de cette année était plutôt réussie, avec en plus de la compétition l’hilarant Cooties, les hommages à Jodo’ et Craven, Project Itoh, le joli film de clôture American Hero, et même la farce We Are Still Here. Alors effectivement, on va pas se plaindre, et à l’année prochaine
JeruZalem, quelle souffrance! J’ai eu du mal à finir. A commencer déjà …
Après, on sait pourquoi Lelouch est Président … Vu qu’il est de tous les festivals.
JNB : si on vous lit, c’est parce que vos articles sont uniques. Incroyablement documentés et référencés… il y a tjs des points de vue intéressants qui en ressortent, qui font vivre véritablement certains films. Que nos avis convergent ou divergent. Un grd bravo et un grd merci.
Pour le reste, tjs pas convaincu par the Witch.. on verra comment le film viellit .
Et tu me donnes vraiment envie de me plonger dans la sélection HC (je n’ai vu que les films en compétition) !!
Cédric : JéruZalem sera à vie estampillé Gérardmer… çà pique !!