Retour au pays natal
Robert Guédiguian l’aurait voulu qu’il n’aurait pas pu renier ces Neiges du Kilimandjaro. Après la noirceur de Lady Jane et l’héroïsme de L’Armée du crime, Robert Guédiguian revient à ses “fondamentaux”, comme il aime se le dire. Près de trente ans séparent ce film de Dernier été, où Guédiguian filmait déjà Ariane Ascaride et Gérard Meylan au cœur de l’Estaque, ce quartier populaire de Marseille, sur fond de fermetures d’usines et de licenciements. Ils avaient alors vingt-cinq ans. Depuis, la petite bande a grandi et ils en ont aujourd’hui une cinquantaine.
Alors avec ce film, “[…] j’ai eu envie de faire le point, explique Guédiguian. […] Retourner là où j’ai commencé à regarder le monde et voir comment il est aujourd’hui […].” Plus précisément, il s’est efforcé de chercher une réponse à cette question essentielle tant à propos de notre monde et de ses métamorphoses que de son propre cheminement : que penserait la personne qu’on était à 20 ans de ce que nous sommes devenus aujourd’hui ?
Toujours entre renoncement et colère, Les Neiges du Kilimandjaro, chronique sociale et familiale inspirée du poème Les Pauvres Gens de Victor Hugo, témoigne de ce choc des générations, entre celle des aînés, incarnés à l’écran par le couple Marie-Claire (Ariane Ascaride) et Michel (Jean-Pierre Darroussin), pour qui, enrichis de leurs luttes syndicales et politiques, les idées d’”ensemble” et de conscience de classe ont encore un sens ; et celle de leurs rejetons, qui semblent soit avoir perdu toute capacité à s’indigner, préférant se replier dans leur confort individuel, familial, soit céder à une violence du désespoir, désabusés des vanités du monde qui les entoure. C’est le cas de Christophe (Grégoire Leprince-Ringuet), qui, pour une poignée de centaines d’euros, n’hésitera pas à braquer ceux-là mêmes qui pensaient défendre sa cause.
Dans Lady Jane, Robert Guédiguian présentait des personnages vidés, désenchantés. Dans L’Armée du crime, au contraire, il mettait en scène une jeunesse consciente et résistante. Dans Les Neiges du Kilimandjaro, le réalisateur fait converger ces deux dynamiques antagonistes pour mieux révéler leurs intérêts communs et réveiller des consciences que le politique s’acharne trop souvent à battre en brèche.
Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan… France, 2011. Sortie le 16 novembre 2011.
Mais alors, à la fin, il est bien ou il est pas bien le dernier Guédiguian ? (J’ai bien une petite idée).
Il est moyen mais j’aime beaucoup le bonhomme et sa petite famille. Après, je pense que, te concernant, tu peux allégrement passer ton chemin.
Je crois que t’as raison.
Le plus grand chef d’œuvre de Guédiguian ! Excellent !
Ne le manquez pour rien au monde !
Robert Guédiguian… Un nom associé dans l’ordre à JP Daroussin, Ariane Ascaride, Marseille, et la dureté de la vie… ouvrière ou pas…. Une rencontre sur l’écran immédiate… en plein dans le coeur… et il vise juste notre Robert, Jai même été jusqu’à L’Estaque pour dire…Merci.