5 %. C’est le pourcentage d’alcool qui s’évapore des tonneaux dans les distilleries de Whisky. “La part des anges”, dit-on. Une jolie formule poétique et gorgée d’espérance à l’image du dernier film du duo Loach/Laverty. Comédie sociale et conte de fées, La Part des anges, c’est l’histoire de Robbie, un repris de justice fraîchement papa, constamment rattrapé par son passé de délinquant, qui échappe de peu à la prison moyennant une bonne lampée de travaux d’intérêt général. Le voilà qui intègre l’équipe d’Henri, éducateur au grand cœur. L’occasion de se faire quelques nouveaux potes aux gueules pas tristes et de découvrir l’art de la dégustation de Whisky.
Dès l’ouverture du film, Ken Loach donne le ton en rivant sa caméra sur tout ce que Glasgow compte de tronches de cake mal nées. Les accusations et les condamnations tombent les unes après les autres dans l’enceinte d’un tribunal. Il est question de vol de perroquet, de statues maltraitées et de violences en tout genre. Mais derrière la drôlerie des faits énoncés point déjà la pauvreté. Celle d’une société rongée par le chômage, la précarité et la crise économique. Et toute la force de ce petit film de tenir dans cet alliage solide qui mêle humour et propos social. Drôle et grave. Burlesque et sensible. En choisissant de coller aux basques d’une équipe de bras cassés tentant de mettre la main sur du whisky précieux (oui, La Part des anges est aussi un film de braquage), Ken Loach se nourrit de la dynamique de la bande tout en révélant systématiquement l’intelligence, la ténacité et les vieilles blessures cachées de ces estropiés de la vie qu’incarnent (pour la plupart des rôles) des acteurs non professionnels à l’énergie communicative.
Avec ses dialogues hilarants (à base d’argot écossais – sous-titres anglais obligatoires) et sa galerie de personnages charismatiques tous plus attachants les uns que les autres (la clepto qui se fait tout le temps prendre, le voyou repenti, l’idiot du village et ses fulgurances..), La Part des anges s’impose comme un cinéma hyper-optimiste, hymne à la solidarité, l’amitié et à l’espoir. Un film de résistance aussi contre le capitalisme dévorant. Un film sur la liberté des laissés-pour-compte, sorte de réponse écossaise au Full Monty de Peter Cattaneo. Et ça fait du bien.
La Part des anges, (The Angels’ Share) de Ken Loach avec Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland… Angleterre, 2012. Prix du jury du 65e Festival de Cannes. Sortie le 27 juin 2012.
» Retrouvez tout notre dossier dédié au 65e Festival de Cannes
Mélanie, que veux-tu dire par gorgée d’espérance?
c’est gorgée ou espérance qui t’interroge ? je sais que tu n’aimes pas les métaphores filées du l’alcool… cf Beaune.
Au contraire, j’apprécie les métaphores comme le bon vin, j’évite seulement de répéter les expressions convenues. Se fader l’école de journalisme de Sciences Po des années pour titrer; “La 4ème édition est un grand cru!”…(véridique)…
justement “la gorgée d’espérance”…tu peux développer, tu as quatre heures….
(nan, j’déconne)