On y prête rarement attention, mais les réalisateurs s’amusent souvent avec leurs génériques de début de film. Qu’il s’agisse du remarquable non-générique d’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, de ceux très soignés et précédés d’une séquence mémorable des James Bond, de la fameuse collaboration entre Saul Bass et Alfred Hitchcock qui culmine dans le vertigineux générique de Sueurs froides, de l’aérien et inquiétant générique de Shining par le même Saul Bass, de celui du superbe Blissfully Yours d’Apichatpong Weerasethakul qui démarre après 45 minutes de film, ou encore du minimalisme d’Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg, il contribue toujours à la mise en place du climat de l’œuvre.
Celui de Seven n’est pas seulement fameux pour sa beauté dérangeante – qu’on doit à Kyle Cooper -, mais aussi parce que le nom de Kevin Spacey, qui interprète le tueur en série du thriller, n’y apparaît pas. Soucieux de préserver le suspense jusqu’au bout, le réalisateur David Fincher présente tous les acteurs – Brad Pitt, Morgan Freeman… – mais garde le secret sur le rôle du tueur. L’exact opposé de Quentin Tarantino dans Kill Bill, qui énonce clairement qui sont les cinq à tuer dès le générique. Alors qu’il se garde de montrer à l’écran le visage de Bill, alias David Carradine, Tarantino dévoile le nom de l’acteur dès le début, diminuant la surprise lorsqu’on découvre enfin son visage. David Carradine aura gagné avec ce rôle une nouvelle carrière ; Kevin Spacey, lui, le droit de se voir cité en premier au générique de fin de Seven.
Générique de fin, qui est déroulé à l’envers. Il est fort ce Fincher.
Ce matin, des élèves m’ont dit qu’ils avaient vu Seven, et que “même si c’est vachement vieux, c’est vachement bien”. Merde, je vieillis.
Et le générique d’entrée de Fargo précise que le film s’inspire d’une histoire vraie, tandis que le générique de fin indique que c’est une fiction.