Plateau télé : semaine du 3 décembre

Troisième semaine pour le nouveau rendez-vous sur Grand Écart… On épluche le programme télé pour vous et l’on se félicite, à cette occasion de la déclaration d’Aurélie Filippetti : “La scripted reality n’a pas sa place sur le service public.” Fini donc Le Jour où tout a basculé – produit par Courbet -, summum du programme low-cost, dans lequel Monique, trompée par Michel s’aperçoit que c’est avec sa sœur qu’il a une liaison et que tous deux fomentent un plan diabolique pour lui voler son modeste pécule. Bref, tout ça pour dire qu’il y a du bon sur le petit écran, même sur les chaînes accessibles à tous.
 

Dimanche 2 décembre

Les Tontons flingueurs, de Georges Lautner – France 2 – 20h45
Gala du Prix du cinéma européen 2012 – Arte – 22h40
De battre mon cœur s’est arrêté, de Jacques Audiard – D8 – 00h50

Oui, Les Tontons flingueurs, on le connaît par cœur, et alors ? D’abord, Noël approche et il faut bien réviser pour meubler aux repas de familles : lancez un “On est quand même pas venus pour beurrer des sandwichs” au premier blanc dans la conversation, il y aura bien quelqu’un pour prendre le relai d’un concours de répliques. Ensuite, on oublie trop souvent les qualités de réalisateur de Georges Lautner, et si l’on arrête deux minutes d’être suspendus aux dialogues, on découvre une mise en scène de bon aloi.

Et puis, ça y est, les lumières de Noël ont pris place dans les rues. C’est donc officiellement l’hiver, et avec lui, le début de la saison des prix et autres bilans de l’année. Et traditionnellement, ce sont les Prix du cinéma européen qui ouvrent le bal. L’inconvénient, c’est que les prix auront été remis la veille, donc adieu le suspense. L’avantage, c’est qu’Arte diffuse un montage des temps forts de la cérémonie, donc adieu l’ennui. Les nominations sont par là : www.europeanfilmacademy.org.

La cérémonie sur Arte vient de se terminer, Haneke à encore tout gagné. Il y a trois ans vous étiez énervé parce que c’était au détriment d’Audiard. Là, vous l’êtes parce que c’est mérité. Pour se calmer les nerfs, et oublier un peu De rouille et d’os, l’un des meilleurs Audiard s’offre à vous sur D8. La rage, parfois contenue, parfois moins, de Romain Duris vous fera du bien.
 

Lundi 3 décembre

Bons baisers de Bruges, de Martin McDonagh – W9 – 20h50
The Chaser, de Na Hong-jin – Arte – 22h50

Sur W9, un excellent film – Bons baisers de Bruges – avec Colin Farrell est suffisamment rare pour être souligné. Sous ses abords de traditionnels règlements de comptes et autres magouilles de tueurs à gages, on assiste en fait à la rencontre des deux maîtres de l’absurde : les Britanniques et les Belges. Il y a des nains, du sang, des joutes verbales, et la beauté de Bruges. Que demander de plus ? Courir voir le prochain film de Martin McDonagh, 7 psychopathes, qui sort le 30 janvier et où il est question d’enlèvements de chiens.

Autre chaîne, autre horaire, autre continent et surtout autre ambiance avec le premier film du réalisateur coréen Na Hong-jin : The Chaser. Pas de nains, peu de dialogues, un Séoul sombre en proie au vice pour ce polar haletant dans lequel Na Hong-jin expédie rapidement le tueur derrière les barreaux et laisse un ex-flic brutal se battre contre le temps. L’occasion de peindre une société en perdition, gouvernée par des bureaucrates, où il est plus facile de trouver une prostituée qu’un policier compétent. Na Hong-jin, élève doué, compte parmi ses références flagrantes les Coréens Park Chan-wook et Bong Joon-ho, mais aussi David Fincher. Bref, à ne pas rater.
 

Mardi 4 décembre

Hellboy, de Guillermo Del Toro – NRJ12 – 20h35
Wallace et Gromit, le mystère du lapin-garou, de Nick Park et Steve Box – Gulli – 20h45

Né dans les flammes de l’enfer, le démon Hellboy est transporté sur Terre lors d’une sombre cérémonie célébrée par les nazis, désireux d’utiliser les forces infernales à des fins de conquête. Sauvé par le docteur Broom, Hellboy est alors élevé pour combattre les forces du Mal. Del Toro magnifie l’univers de l’auteur de BD Mike Mignola et offre un film de super-héros à cent lieues des films de super-héros. Génial !

Et puis sur Gulli, la version naïve et innocente du duo homme-chien, antithèse de Diabolo et Satanas, passe au format long, non sans succès. Outre les traditionnels crédulité de Wallace, malice de Gromit, et stratagèmes toujours plus inventifs, la grande nouveauté de ce Wallace et Gromit, c’est que Wallace est amoureux. Ce qui met fin à toutes les théories déjà évoqués pour Tintin et Milou.
 

Mercredi 5 décembre

Armadillo, de Janus Metz – Arte – 20h50

Présenté à la Semaine de la critique, Armadillo évoque le conflit en Afghanistan dans la tête d’un soldat, au cynisme grandissant, dépendant à l’adrénaline. Où la mission d’aide aux civils disparaît peu à peu. Une raison de plus de se poser la question finalement pas si banale de l’utilité d’une guerre.
 

Jeudi 6 décembre

Dirty Dancing, de Emile Ardolino – TMC -20h45
Enfermés dehors, de Albert Dupontel – D17 – 22h25

La semaine dernière, on a pleuré à s’en rendre le nez rouge comme Demi Moore devant Ghost, ce soir, on ne laisse pas Bébé dans un coin (mais on évite de tenter de reproduire le fameux porté si on habite dans un petit espace). Oui, c’est en VF, mais ça nous permet de profiter de la fameuse réplique du cheval sauvage, qui n’existe pas en VO. Eh oui.

Et on enchaîne avec le cinéma si particulier de Dupontel, une fois de plus à l’œuvre dans cet Enfermés dehors qui, comme le titre le suggère, se penche avec humour et absurde sur une situation qui l’est tout autant, mais qui n’est pas drôle. Les ruptures de ton, le regard interloqué de Dupontel et ses monologues sans fin valent, comme à chaque fois, le détour. Mais là, en plus, il y a des caméos des deux Terry des Monty Python.
 
Voilà vendredi, il n’y a rien qui retienne notre attention alors éteignez votre télévision, comme dirait l’autre et filez voir l’expo Hopper (parce qu’on ne s’en lasse pas), faites vos achats DVD de Noël ou direction les salles obscures pour découvrir le nouveau film de Tullio Giordana Piazza Fontana…